ARS FABRA "L'atelier de l'orfèvre" - Le site de l'orfèvrerie médiévale par Steeve Mauclert -
Le métier d'orfèvre au moyen âge
De la condition des orfèvres de Paris au XIIIe siècle
I. Est orfèvre à Paris, qui veut l'être et sait le faire pourvu qu'il œuvre aux us et coutumes du métier qui sont tels :
II. Nul orfèvre ne peut œuvrer d'or à Paris qui ne soit à la touche* de Paris ou meilleur, lequel dépasse tous les ors de l'univers.
III. Nul orfèvre ne peut œuvrer d'argent qui ne soit au même titre que l'esterlin ou meilleur.
IV. Chaque orfèvre ne peut avoir qu'un apprenti étranger, mais de son lignage ou de celui de sa femme, il peut en avoir autant qu'il lui plaît.
V. Aucun orfèvre ne peut avoir d'apprenti de la famille ou étranger de moins de dix ans, sauf si l'apprenti sait gagner 100 s. l'an et ses dépens
de boire et de manger.
VI. Aucun orfèvre ne peut œuvrer de nuit si ce n'est à l'œuvre du roi, de la reine, de leurs enfants, de leurs frères, ou de l'évêque de Paris.
VII. Aucun orfèvre ne doit payer de coutume sur ce qu'il achète ou vend pour son métier.
VIII. Aucun orfèvre ne peut ouvrir sa forge les jours de fête d'apôtre à l'exclusion d'un atelier que chacun ouvre à son tour en ces fêtes et le
dimanche. Tous les gains de celui qui a ouvert son ouvroir sont déposés en la boîte de la confrérie des orfèvres. L'argent de cette boîte
sert à donner chaque année, le jour de Pâques, un repas aux pauvres de I'Hôtel-Dieu de Paris.
IX. Les orfèvres ont juré de tenir et garder bien et loyalement ces établissements.
Et si un orfèvre forain vient à Paris, il jurera de les tenir tous.
X. Les orfèvres de Paris sont quittes du guet, mais ils doivent les autres redevances dues au roi par les autres bourgeois.
XI. Et il est à savoir que les prud'hommes du métier élisent deux ou trois d'entre eux pour garder le métier : ceux-ci jurent qu'ils garderont bien
et loyalement le métier aux us et coutumes susdits. Et quand ces prud'hommes ont fini leur office, le commun du métier ne peut les
nommer pour garder le métier pendant trois ans à moins qu'ils ne veuillent le faire de bonne volonté.
XII. Et si les trois prud'hommes trouvent un homme de leur métier qui œuvre de mauvais or ou de mauvais argent, et qu'il ne s'en veuille
corriger, ils ramènent devant le prévôt de Paris et celui-ci le punit du bannissement à 4 ou 6 ans selon sa faute.
Le Livre des métiers d'Étienne Boileau, XIIIe siècle
* Touche ou pierre de touche : jaspe noir (appelée "pierre de Lydie") destiné à vérifier la teneur en métal précieux d'un alliage ;
on pratique des marques (ou touches) provenant d'un bijou et d'un alliage de référence,
puis de l'acide est appliqué qui va dissoudre le métal non précieux seul (en général, le cuivre) ; on compare alors l'éclat des deux marques.
Orfèvres
XIIIe siècle
XVe siècle
L'entreprise familiale à l'époque médiévale
L'entreprise familiale, exercée dans le cadre de la famille conjugale et du feu et reposant sur le travail des époux, est à la fois la forme
la plus répandue d'organisation des activités économiques et sa norme.
La production médiévale d'objets manufacturés est artisanale. La forme que prend matériellement le travail est donc celle de l'exercice individuel d'une activité, chaque artisan œuvrant dans son atelier, chaque marchand entreprenant pour son propre compte.
Atelier et logis familial sont par ailleurs généralement associés.
L'atelier de l'artisan est situé dans sa demeure, généralement au rez-de-chaussée.
Cette forme répond à une norme. En effet, l'artisanat, comme d'ailleurs la marchandise, sont conçus comme des entreprises non pas individuelles mais familiales.
La situation faite aux apprentis en est un témoignage parmi d'autres : ils s'engagent au service non d'un maître mais d'un maître
et de sa femme.
Ceux-ci ont autorité sur l'apprenti, qui est logé chez eux, y passe plusieurs années et peut être un enfant.
Thierry DUTOUR - "La ville médiévale"
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