ARS FABRA "L'atelier de l'orfèvre" - Le site de l'orfèvrerie médiévale par Steeve Mauclert -
Les matières du travail de l'orfèvrerie
Le métier d'orfèvre intéresse nombre de matières.
Dans la seconde moitié du moyen âge, à l'heure où la spécialisation des tâches se fait de plus en plus grande,
l'orfèvre conserve une polyvalence en son métier.
Métaux, émaux, gemmes et ivoires sont les matériaux principaux de l'orfèvrerie.
L'orfèvre se fait à la fois fondeur, graveur, ciseleur, doreur, émailleur, lapidaire, chimiste et artiste.
Mais d'autres matières, moins connues, sont nécessaires à la fabrication des bijoux.
Dans cette section, nous nous intéressons aux matières annexes
pour la réalisation des œuvres d'orfèvrerie.
Les fluxs
Pour l'assemblage des différentes parties d'un bijou, l'orfèvre utilise un alliage métallique d'apport, à point de fusion plus bas que les éléments à assembler.
Cet alliage est nommé brasure (de même que l'opération qui est appelée brasure ou brasage) ; au contraire de la soudure qui est une chauffe directe des pièces à assembler, à leur point de fusion (soudure autogène).
Lors d'une brasure, ou d'une soudure, il est nécessaire de protéger de l'oxydation les parties à assembler ; pour ce faire, l'orfèvre utilise un flux : c'est une matière qui va protéger la zone d'assemblage lors de la chauffe et permettre à la brasure de fondre correctement sur les parties à assembler.
Souvent, le flux et la brasure sont combinés pour former une pâte prête à l'emploi ; les éléments réducteurs transforment les sels de cuivre en cuivre métallique qui "collent" les éléments à assembler, et les dégraissants empêchent l'oxydation.
Selon les époques, la composition de cette pâte varie ; voici les principales :
Décrite par Pline l'Ancien, la santerne serait un sel de cuivre additionné de nitre et d'urine.
Décrit par le moine Théophile, ce flux/brasure est composé de cuivre brûlé, de graisse de porc, de cendres de hêtre et de savon.
C'est un borate de sodium (sel de bore) affleurant sur les lacs d'Égypte ; à l'époque des premiers échanges avec l'orient, l'occident subit une véritable révolution dans le domaine de la métallurgie : le borax va apporter une facilité sans égale dans la réalisation des soudures et des brasures.
Sont regroupées sous cette appellation plusieurs matières, on y trouve entre autres :
- La chrysocolle minérale ; un silicate d'hydroxyde de cuivre.
- L'aeris flos, communément appelé verdet au moyen âge et résultant de l'action que produit le vinaigre sur le cuivre métallique.
Nommé de nos jours vert-de-gris, cet acétate de cuivre avait pour nom, à l'origine, vert de Grèce où il était produit en grande quantité.
- Le sulfate de cuivre, composé de soufre et de cuivre.
Appellé aujourd'hui sulfate de cuivre pentahydraté, on le nommait vitriol bleu.
Le support de travail de ciselure au repoussé est appelé tenax : c'est un medium que l'on chauffe pour encoller les feuilles de métal destinées à être ciselées.
Le tenax est composé de trois matériaux :
Suivant les proportions, on obtient différentes duretées de tenax en fonction du travail à réaliser.
Les poudres de polissage
Le travail de finition se fait à l'aide d'un tissu de lin enroulé ou un morceau de bois écrasé, enduits de différentes matières au grain de plus en plus fin :
sable, charbon, craie, ocre rouge, tuile ou brique pilée en sont quelques unes.
Le lustrage des bijoux, la toute dernière étape, se fait avec la partie duveteuse d'une patte de lapin.
Pour polir les émaux, l'orfèvre utilise un cuir de bouc cloué sur l'établi qui sera enduit de salive et d'ocre rouge.
Le nielle est un composé de soufre, de plomb, de cuivre et d'argent ; il se travaille de la même manière que les émaux, il est noir et se poli à l'aide de cerumen.
Le polissage des gemmes est expliqué dans la section "Émaillage et taille des gemmes"(à venir)
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